Qui enseigne l'intelligence artificielle?

L'expérience des pays asiatiques

Le débat récent sur les transformations perturbatrices que l'intelligence artificielle (IA) pourrait apporter aux systèmes économiques, sociaux et politiques dans lesquels nous vivons évalue souvent les risques et les opportunités sur la base d'observations superficielles. Par exemple, il est certainement vrai que les nouvelles IA comme ChatGPT4 ou Gemini ont des capacités de traitement des milliers de fois supérieures à la moyenne de l'intelligence humaine, mais ces résultats sont exclusivement dus à la manière dont les IA ont été entraînées.

Par exemple, Gemini (l'IA de Google) a lu et mémorisé 40 millions de livres, tous écrits par des intelligences humaines, et connaît plus de 200 langues. L'éducation est donc la clé pour mieux comprendre les problèmes complexes. En fait, même pour les intelligences humaines, la qualité de l'éducation et les quotients intellectuels (QI) sont pratiquement deux faces de la même médaille. C'est l'une des "découvertes" les plus éclairantes du rapport mondial sur l'intelligence humaine, "The Intelligence of Nations", réalisé par les chercheurs Richard Lynn et David Becker de l'Institut d'Ulster, le plus cité par les universitaires.

Le rapport explique certaines des principales raisons pour lesquelles les peuples asiatiques occupent toutes les six premières positions du classement mondial des quotients intellectuels nationaux. Quelques individus exceptionnels avec des QI très élevés, vers ou au-dessus de 140, peuvent émerger dans n'importe quel pays, mais c'est l'éducation qui élève l'intelligence moyenne de tous les autres.

En raison de la diversité des facteurs considérés dans la mesure du QI, le classement mondial du QI n'est pas un modèle accepté par tous les chercheurs, contrairement à d'autres indicateurs de développement social. Alors que le QI est une mesure courante de l'intelligence, d'autres indicateurs incluent les scores des tests académiques, ou l'Indice de Capital Intelligence et le nombre de prix Nobel remportés dans chaque pays. Seuls Singapour et la Finlande apparaissent régulièrement dans les trois classements de QI.

Les tests scolaires sont plus "scientifiques", mais ils ne représentent que l'intelligence moyenne de la génération plus jeune, pas celle de la population adulte. Selon ces études, environ 68 % des personnes dans le monde ont un QI compris entre 85 et 115. Comme très peu de personnes ayant un faible QI deviennent chercheurs et publient des recherches scientifiques et des livres, les intelligences artificielles ont l'avantage d'être formées sur la base de connaissances développées exclusivement par des intelligences humaines avec des QI élevés. De plus, les rares livres occidentaux d'opinions extrémistes basées sur de fausses nouvelles sont rarement traduits dans les langues asiatiques et n'ont donc aucun effet sur la formation des intelligences artificielles.

Sandro Calvani

NP Marzo 2024