Jamais des chiffres mais des gens

Publié le 26-06-2024

de Beatrice Veglio

Nous vivons plongés dans un sentiment de précarité, plus rien n’est sûr.
Mais face à tout cela, il y a aussi un autre chemin et c'est celui du Samaritain dont parle Jésus dans l'Évangile, qui passe, voit, s'émeut et s'approche en choisissant de descendre de cheval, en mettant de côté ses certitudes. ., ses raisons, se laissant rencontrer. C'est le regard que Sermig tente de faire sien en accueillant l'autre, quel qu'il soit : une femme, un homme, un enfant, un jeune, une personne âgée. A chaque instant, nous nous sentons appelés à dépasser la logique de l'indifférence qui nous paralyse, du « ce n'est pas à moi », de la controverse et de la plainte, à vivre la logique de l'être proche, proche.
La compassion nous apprend ainsi à dépasser l'indifférence et à aller à la rencontre des gens, à reconnaître leurs luttes, à se pencher vers eux. Il ne s'agit pas de tomber dans l'émotion ou la sentimentalité, mais de savoir saisir le drame de la vie, c'est souffrir avec ceux qui souffrent, entrer dans le cœur de ceux qui sont devant nous, c'est la source d'où naissent les faits concrets.

Accueillir, c’est entreprendre un voyage à l’intérieur de nous-mêmes et de l’humanité qui nous entoure.
Ouvrir la porte à quelqu'un demande certes une méthode et une compétence, mais il y a aussi une spiritualité dans le geste d'accueil. La rencontre avec l'autre nous met en contact avec le plus profond de nous, par besoin de partager le don de nous-mêmes.
Ce don gratuit est ce qui nous définit en tant que personnes, il nous aide à trouver le sens d'être au monde en redécouvrant notre humanité.
Chacun de nous reconnaît ainsi qu'il est le reflet du regard de l'autre et c'est seulement dans cette relation que la personne se fonde et mûrit.

Les gens ne sont pas toujours ceux que l’on aimerait rencontrer, pourtant ce sont eux que nous avons devant nous.
De nombreuses personnes arrivent chaque jour à l'Arsenale et devant eux entre toute leur colère, leur méfiance, leur passé clairement imprimé sur leurs visages et dans leur manière de se comporter les uns avec les autres. Puis, lentement, viennent leur cœur, leurs souffrances, leurs déceptions, tout leur drame. C'est le temps où ils laissent entrer un peu en eux le rythme et le style de cette maison : leur expression change, ils comprennent qu'il n'y a plus besoin de se défendre.
Face à des vies marquées par la douleur, les mots sont souvent superflus, la relation, l'être là se fait tout d'un regard calme et doux, qui devient prière.
Cela nous a permis de comprendre que l'autre que nous rencontrons n'est jamais un numéro, un problème, une catégorie, mais est une personne et accueillir cette personne signifie se placer à ses côtés, l'accompagner avec humilité pour reconnaître que dans son corps, Beaucoup Parfois, si dévastée par la vie, il y a une personne qui a une valeur, une dignité.

Mettre la personne au centre en l'accueillant dans sa globalité, c'est tout.
Et cela nous permet d'en saisir les facettes, c'est une découverte continue d'un autre, d'un autre que moi.
A partir de là se définit ensemble un chemin individualisé qui aura toujours des objectifs différents, mais toujours avec la volonté de permettre à l'autre de reprendre la vie en main, d'entrer en contact avec lui-même pour retrouver du sens, revivre. .
Ce que nous essayons de faire, c'est donc de travailler aux côtés des gens, de partager avec eux notre vie, notre quotidien, de leur offrir des opportunités et une écoute différentes, d'accepter de nous transformer mutuellement.

Au fil des années, l’hospitalité a évolué car les besoins et la réalité sociale ont changé.
Et à chaque fois c'était un élargissement toujours plus grand de notre regard, de notre tente, de notre cœur pour aller au-delà des apparences. Accueillir il faut, en effet, éduquer nos yeux à percevoir l'humanité qui gémit, un cri souvent étouffé par le rythme de notre vie quotidienne, étouffée par notre égoïsme, cela signifie prendre acte de la présence des autres et les respectant.
Face aux autres, nous sommes appelés à nous rapprocher avec compassion et tendresse, à partager la vie par amour, à rompre le pain de notre existence, à faire un don pour et avec le monde.

La compassion, l'écoute, l'amour deviennent les ponts qui permettent le contact avec les autres.
Le monde change, les problèmes augmentent, deviennent chroniques, la réalité défile sous nos yeux et se transforme à une vitesse infinie, qui échappe presque à notre perception, mais face à cela l'important n'est pas de fermer, mais de continuer à garder la porte ouverte. , offrant des opportunités de changement, des solutions toujours nouvelles, sans nous rigidifier car la vie qui nous traverse ne peut pas être enfermée dans une clôture, mais doit continuer à respirer en nous [et avec nous à travers l'autre.


Béatrice Veglio
Focus NP
mai 2024

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