Odighitria Chilandari

Pour ceux qui ne le savent pas, le Mont Athos s'étend sous la forme d'une péninsule et constitue un État véritablement autonome à l'intérieur des frontières grecques. Il est considéré depuis des siècles comme un territoire sacré, habité par environ un millier de moines, répartis en 20 monastères orthodoxes et quelques petits ermitages. L'ensemble du complexe abrite une quantité impressionnante de peintures murales, de mosaïques, d'icônes portatives et de manuscrits enluminés d'une extrême beauté, appartenant à différentes périodes historiques et styles artistiques, couvrant une période allant du XIIe au XIXe siècle. Il existe à elle seule plus de 20 000 icônes byzantines, de toutes sortes : portatives, iconostase, mosaïque... un véritable trésor artistique et spirituel.

Parmi celles-ci, on trouve l'icône de la Vierge Odighitria avec l'Enfant, qui remonte à la seconde moitié du XIIe siècle, mais dont le lieu d'origine exact ne peut être établi. La qualité de sa fabrication est assez élevée et, bien que le temps l'ait en partie endommagé et caché ses origines dans le silence, il parle aujourd'hui de lui-même et communique par lui-même, avec son élégance austère, typique des œuvres byzantines, le message qu'il représente. La grande dignité et le caractère sacré de la Mère de Dieu qui « montre le chemin » de la vie : l'enfant même qu'elle tient dans ses bras, enfant et en même temps Dieu de l'univers qui s'est fait homme pour sauver l'homme, qui s'est laissé être crucifié pour nous permettre de ressusciter avec lui. Dans une essentialité et une solennité de gestes qui nous parlent d'une réalité qui vient d'au-delà du temps, de l'éternité, d'un amour qui n'est pas pressé, qui demande un peu de ton temps, demande à tes pensées et à tes sens de faire silence, ne pas chercher les satisfactions rapides habituelles mais s'arrêter et attendre, et regarder, écouter...

Du silence de ces images - comme du silence de nombreux cœurs qui, cachés à travers le monde, continuent de prier, d'intercéder, d'aimer Dieu et l'homme au nom de tous, même de ceux qui ne veulent pas "avoir affaire" avec lui - vient ce cri silencieux et continu, qui nous demande de nous arrêter, de nous taire, de regarder vers l'avenir, vers la vie éternelle, qui nous invite à retourner à nos origines, à croire en l'amour d'une mère pour son enfant, de une mère crucifiée par la douleur de voir son fils, et avec lui tous ses enfants, qui aujourd'hui sont tués, maltraités, ses enfants abandonnés, négligés.

Une image qui nous demande de recommencer à croire à l'amour maternel de Dieu envers l'homme, le seul qui peut nous sauver, qui peut nous arrêter, qui peut nous donner la paix, si nous le voulons, si nous la demandons. Laissons-nous guider et aider par la Mère de Dieu.

Chiara Dal Corso
NP Octobre 2024