Continent à découvrir

Les médias italiens parlent toujours trop peu de l'Afrique et principalement en termes anxiogènes et sécuritaires, sans laisser de place aux informations sur le développement et l'innovation qui peuvent changer un récit limité. Le 25 mai, Journée de l'Afrique (ce jour-là en 1963 a été fondée l'Union africaine actuelle) est le jour de L'Africa MEDIAta, rapport présenté par Amref Health Afrique-Italie. Organisé par l'Observatoire des Médias de l'Université de Pavie, il vise à analyser comment et dans quelle mesure les médias italiens parlent de l'Afrique. Malheureusement, le trait de continuité est la marginalité de la communication sur l’Afrique et sur les Africains et les Afro-descendants dans les médias dits grand public, c’est-à-dire les principales radios, télévisions, web et journaux imprimés. Pourtant, comme nous le rappelons souvent aussi dans ces chroniques, il existe un potentiel et un dynamisme dû à une moyenne d'âge jeune qui ajoute un autre visage au continent de notre destin. Juste pour donner un exemple, pour les startups technologiques africaines par rapport à 2020, en 2021, il y a eu +113% pour les investissements. L'étude révèle la prédominance d'informations visant les enjeux sécuritaires et migratoires de notre pays (« l'Afrique ici ») ou - beaucoup moins - sur des guerres qui sont par définition « oubliées » de nous.

De l'examen de la couverture globale de l'Afrique dans les six principaux journaux italiens (Avvenire, Corriere della Sera, Il Fatto Quotidiano, Il Giornale, La Repubblica, La Stampa) dans courant 2022 il ressort que le nombre moyen de faits divers à la une des journaux est de 13 en moyenne par mois (-3 par rapport à 2021), avec 84% des articles relatifs à l'Afrique « ici » (flux migratoires et sécurité) .

Dans les programmes d'information prime time et d'infodivertissement la tendance à la réduction progressive des informations sur l'Afrique s'accentue. Dans les 7 principaux programmes d’information analysés, seules 1 174 informations pertinentes ont été enregistrées (22 % de moins qu’en 2021), dont les trois quarts concernaient les flux migratoires et la gestion de l’accueil. L'urgence migratoire est en effet l'un des sujets les plus discutés, notamment en relation avec des faits particuliers, comme le cas de l'Ocean Viking. En 2022, l'actualité sur la guerre et le terrorisme a diminué au profit de l'actualité sur voyages institutionnels des ministres italiens en Afrique, approvisionnements en gaz, cop27 et événements d'actualité comme le cas Soumahoro. Pour les autres dossiers, le silence sur l’Afrique est quasi total.

La marginalité de l'attention portée au continent se confirme également dans les 85 programmes d'infodivertissement analysés sur sept chaînes de télévision : sur 61 320 heures diffusées par an, 700 références à l'Afrique, soit en moyenne une référence toutes les 87 heures. de programmation. L’Afrique est représentée comme une réalité unique, dépourvue de spécificité et uniformément caractérisée par un avenir sans espoir. Par ailleurs, suite au début de la guerre en Ukraine, on note la présence d'une narration des migrations au sein des programmes qui distingue les vrais réfugiés fuyant une invasion (Ukrainiens blancs) et les réfugiés « de complaisance » venus du continent africain. Cela n'aide pas à comprendre le récit marqué par les échos du désespoir, de la mort, de la torture, sans qu'il soit possible d'approfondir des parcours, des histoires, des lieux d'appartenance, des biographies et des expériences. C'est écrasé. bref, le regard global manque.

Les magazines en ligne qui ont consacré le plus d'espace à l'innovation, et donc aux différentes Afriques, sont Africa magazine et Nigrizia. L'Afrique du XXIe siècle là-bas est encore un continent encore largement à découvrir par la majorité de l'opinion publique italienne.


Paolo Lambruschi
NP juin / juillet 2023