Effet de confiance

Selon le dernier World Happiness Report 2021, basé sur des données collectées en 2020 dans 150 pays, le pire effet de la pandémie se trouve dans les 2 millions de décès dus au Covid-19, soit une augmentation de près de 4% dans le nombre nombre annuel de décès dans le monde. Pour ceux qui sont en vie, la pandémie a généré de l'insécurité économique, de l'anxiété, des changements dans de nombreux aspects de leur vie et, pour de nombreuses personnes, du stress et des problèmes de santé mentale et physique.
Plus précisément, la variation du bien-être subjectif entre 2017-2019 et 2020 est assez différente parmi les 150 pays analysés, mais pas assez pour changer significativement les classements : les pays d'Europe du Nord restent dans le top dix des plus heureux, tandis que les plus pauvres, les pays institutionnellement fragiles et économiquement inégalitaires (comme l'Afghanistan, le Zimbabwe et le Rwanda) restent en bas de la liste. Cela montre que Covid-19 a apporté des changements modestes dans le classement général, reflétant à la fois la nature mondiale de la pandémie et un certain degré de résilience qui a uni des pays très différents.
Les émotions ont changé plus que la satisfaction de sa vie au cours de la première année de Covid-19, s'aggravant pendant le verrouillage puis se rétablissant plus rapidement. Pour le monde dans son ensemble, en 2020, il n'y a eu aucun changement global en termes d'émotions positives, tandis que les émotions négatives, en moyenne, connaissent une tendance à la baisse : les données montrent une augmentation d'environ 10 % du nombre de personnes que le jour avant l'entretien, ils ont dit qu'ils étaient inquiets ou tristes.

Un élément qui peut expliquer de manière significative la variation de la satisfaction à l'égard de la vie est la confiance et la capacité de se fier aux autres. Ces facteurs ont été mesurés en demandant aux gens combien ils pensent qu'un portefeuille perdu sera rendu s'il est retrouvé par un policier, un voisin ou un étranger. On estime que les réponses à cette question influencent l'évaluation de la vie d'une personne plus que le revenu, le chômage et les conditions de santé.

La confiance est encore plus importante pour expliquer les énormes différences internationales des taux de mortalité liés au Covid-19, nettement plus élevés dans les Amériques et en Europe qu'en Asie de l'Est, en Australie et en Afrique. Ces différences sont presque pour moitié dues aux différences de structure démographique des pays (le Covid-19 est plus mortel pour les personnes âgées) et à combien chaque pays a été exposé aux infections dans les pays voisins au début de la pandémie.
Quelles que soient les circonstances initiales, selon le rapport, la stratégie la plus efficace pour contrôler Covid-19 semble avoir été de ramener le virus à zéro au sein de la communauté et de l'y maintenir. Les pays qui ont adopté cette stratégie ont affiché des taux de mortalité proches de zéro et ont pu éviter les deuxièmes vagues de décès, clôturant 2020 avec une réduction plus faible du PIB et des taux de mortalité plus faibles.
Enfin, le rapport identifie certains facteurs qui soutiennent les stratégies de lutte contre le Covid-19 qui se sont avérées les plus efficaces. Tout d'abord, parmi celles-ci, il y a la confiance dans les institutions publiques : dans les pays où les institutions sont perçues comme plus fiables, les politiques parviennent à amener les citoyens à soutenir les actions requises. L'inégalité des revenus est un autre facteur important : une société moins inégalitaire est une société plus cohésive, dans laquelle nous nous faisons davantage confiance, et donc une société où il est plus probable de trouver des citoyens qui adhèrent aux directives publiques.

Ces résultats sont pour la plupart des corrélations et ne permettent pas d'établir une relation de cause à effet entre les variables impliquées. Cependant, ils sont intéressants, car ils nous permettent d'identifier des dimensions possibles sur lesquelles développer plus d'études causales et concevoir des politiques pour améliorer le bien-être des citoyens en temps de crise.


Pierluigi Conzo
NP août / septembre