Gens de la mer

Le peuple des gens de mer : dans le monde près de deux millions de travailleurs entre difficultés et opportunités

En avril 2022, la fermeture du port de Shanghai pendant quelques semaines, provoquée par le confinement anti-Covid, et le blocus armé russe du port ukrainien d'Odessa, ont paralysé des chaînes de distribution mondiales entières de biens essentiels, comme les microprocesseurs pour ordinateurs. ou la farine pour le pain, dont vivent tout le Moyen-Orient et une grande partie de l'Afrique. La crise a démontré la fragilité intrinsèque et la forte interdépendance commerciale, énergétique et des ressources humaines dont dépend la sécurité de tous les peuples du monde, sans exception. Un grain de poussière dans les rouages ​​de la stabilité des marchés et des transports suffit vraiment à causer de graves souffrances à des milliards de personnes.

À l'échelle mondiale, quelque 1,9 million de personnes travaillent en mer pour maintenir 74 000 navires en service et rendre notre mode de vie possible ou plus facile. Le rapport BIMCO / ICS 2021 sur les marins a enregistré 1 892 720 unités, contre 1 647 494 unités en 2015. Parmi eux, 857 540 étaient des officiers et 1 035 180 des marins. L'Asie est le continent le plus important pour l'offre de personnel en mer : 44 % de la main-d'œuvre mondiale provient des Philippines, de Russie, d'Indonésie, de Chine et d'Inde. Pour ces mêmes pays, les gens de mer représentent une importante source de revenus, grâce aux salaires envoyés aux familles. En 2019, les Philippines ont gagné 30,1 milliards de dollars des travailleurs étrangers - 9,3 % du PIB et 7,3 % du revenu national brut - dont 6,5 milliards de dollars des marins.

En 2020, en raison de la pandémie, le total des envois de fonds a chuté de 0,8 % à 29,9 milliards de dollars, soit une baisse de 2,8 % à 6,4 milliards de dollars. Pendant la pandémie, les gens de mer ont continué à faire preuve d'un grand professionnalisme et de dévouement pour permettre le transport de nourriture, de fournitures médicales, de carburant et d'autres biens essentiels, contribuant ainsi à maintenir les chaînes d'approvisionnement et à faire fonctionner le commerce mondial. Cependant, des centaines de milliers de marins sont restés bloqués en mer et n'ont pas été vaccinés.

Chaque mois, les équipages doivent être remplacés pour éviter la fatigue et se conformer aux normes internationales de sécurité, de santé et de bien-être maritimes. Mais en réponse au Covid, les gouvernements ont fermé de nombreuses frontières, imposé des blocus et interdit les débarquements, suspendant ainsi temporairement les changements d'équipage. Au moins 250 000 marins sont restés en mer pendant plus d'un an sans pouvoir regagner leur domicile, pas même pour se faire soigner.

L'Asie est également à l'avant-garde de l'égalité des sexes dans l'administration et la gestion des ports. Selon le rapport de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement), en matière de participation des femmes à la main-d'œuvre portuaire, les Asiatiques se situaient au-dessus de la moyenne mondiale avec 52 % des postes de direction et d'administration confiés à des femmes, contre 39 % en Europe.

L'invitation à la fraternité mondiale "va dans les rues du monde entier" est donc encore plus exigeante pour ceux qui sont allés sur les mers.

Sandro Calvani

NP Giugno Luglio 2022