L'étincelle de la curiosité

Chaque enfant a droit à une éducation de qualité, mais trop souvent, ce qui manque dans les salles de classe, c'est l'étincelle de curiosité, qui peut inciter les élèves, hommes et femmes, à apprendre. Dans un monde où de plus en plus de garçons et de filles fréquentent les écoles des pays en développement, le taux croissant de participation scolaire ne se traduit pas toujours par des résultats d'apprentissage satisfaisants.

Une étude récente publiée dans la prestigieuse revue économique américaine, American Economic Review, a analysé ce dilemme éducatif « participation-performance ». Plus spécifiquement, les auteurs ont examiné le lien entre curiosité et apprentissage, en évaluant l'impact d'une approche innovante visant à accroître la qualité de l'éducation.

L'enquête met en évidence les défis rencontrés dans l'éducation dans les pays en développement, soulignant sa mauvaise qualité en raison de la mauvaise préparation des enseignants, des classes surchargées et du manque de matériel pédagogique adéquat. Cependant, au lieu de se concentrer uniquement sur les problèmes, les auteurs proposent une solution innovante : cultiver la curiosité des enfants comme clé pour améliorer considérablement l'apprentissage.

Le cœur de ce programme innovant est la pédagogie : la manière dont nous enseignons est tout aussi importante que ce que nous enseignons. Les enseignants impliqués dans ce programme pédagogique ont appris à créer un environnement d'apprentissage engageant, capable de stimuler la curiosité et de s'adapter aux besoins individuels des étudiants et étudiantes. Basé sur des découvertes récentes sur la dynamique neuronale de la curiosité humaine, ce programme se concentre principalement sur l'enseignement des sciences dans les écoles primaires et propose aux enseignants une formation spécifique aux pratiques pédagogiques basées sur l'identification et l'utilisation de l'inclination naturelle des garçons et des filles pour faciliter l'apprentissage. Le programme a été mis en œuvre dans le cadre de deux essais contrôlés randomisés à grande échelle dans deux provinces turques, impliquant 134 écoles primaires, 425 enseignants et environ 11 000 enfants âgés de 9 à 11 ans.

Les résultats du programme ont été significatifs. Les étudiants et étudiantes impliqués dans ce programme expérimental ont obtenu des scores plus élevés aux tests scientifiques, démontrant que la curiosité peut agir comme un catalyseur pour l'apprentissage en profondeur. Ce qui est encore plus surprenant, c'est que cet effet positif dure longtemps : des résultats positifs sont constatés même lors des fermetures d'écoles pendant la pandémie.
Bien sûr, comment mesurer la curiosité est une question complexe, mais le programme a introduit une méthode innovante à cet effet : une tâche basée sur des incitations. Pour évaluer l'impact du programme, les auteurs ont développé une mesure comportementale qui quantifie la curiosité à travers le désir des garçons et des filles d'avoir des informations qui attisent leur curiosité. Les personnes impliquées dans ce programme se sont en effet montrées plus enclines à recevoir ce type d'informations et à conserver ces connaissances pendant une période prolongée. L'étude a non seulement mis en évidence un changement dans leurs attitudes, mais a également montré comment la curiosité peut favoriser le partage d'informations entre les étudiants eux-mêmes.

Dans un monde où la qualité de l'éducation est cruciale pour l'avenir de nations entières, des programmes comme celui-ci suggèrent que stimuler la curiosité des enfants n'est pas seulement un moyen d'améliorer les résultats d'apprentissage, mais aussi une opportunité de transformer la façon dont nous enseignons et apprenons.

Cela s'applique à tous les niveaux d'enseignement : explorer le monde à travers le prisme de la curiosité peut permettre à chacun de libérer son potentiel d'apprentissage, qui reste bien souvent écrasé par des routines pédagogiques très standardisées.


Pierluigi Conzo
NP janvier 2024