L'île qui existe

L'île de Basilan n'est pas facile à trouver. Elle est située au sud de la grande île la plus méridionale de l'archipel des Philippines. Et puis, tout autour, il y a beaucoup d'autres îles éloignées. Des périphéries extrêmes, hors des routes qui comptent, mais des lieux très importants pour les gens qui y vivent. Et pour nous aussi.
Notre ami Don Renato Rosso, prêtre infatigable qui, surtout en Asie mais pas seulement, a pour mission les peuples nomades du monde ; ses habitants ici sont les bajau, les nomades de la mer.
De son initiative, et de l'engagement fidèle et tenace des pères clarétains locaux, est né un projet qui, petit à petit, comme une réalité si isolée et cachée, a maintenant parcouru un long chemin.

La collaboration de Sermig s'est poursuivie depuis 2002. Pendant cette longue période, ensemble, il a été possible de démarrer la mission et ensuite de donner une continuité au travail des pères clarétains, commencé à Maluso, le l'île, l'étendant à des groupes qui vivent dans des côtes inaccessibles et dans les îlots environnants. Aujourd'hui, 2 200 personnes des communautés Bajau de Maluso et 300 de Pangasaan en font partie.
Le résultat n'est pas seulement : une communauté s'est construite, dans la dignité, grâce d'abord à l'accès à l'école des enfants aux adultes, puis dans la recherche de chemins vers une vie moins pénible et plus stable.

Au fil des années, cela a permis de résister à la situation de violence et d'insécurité causée jusqu'à récemment par la guérilla et le banditisme. En 2020, une forte résilience était nécessaire pour surmonter la grave urgence de la pandémie, non pas tant causée par l'infection que par l'impossibilité d'aller pêcher, principale ressource de survie. L'aide du projet, alimentaire et plus, était essentielle. Les familles, de culture nomade, sont toutes restées : c'est bien leur maison. Et le nombre d'enfants fréquentant l'école maternelle et primaire a également augmenté, avec beaucoup de succès.

Après l'école - clé pour accéder à la communauté, et son évolution - les premiers projets générateurs de revenus (IGP - Income Generation Programs) étaient essentiels, pour commencer à donner aux familles la possibilité d'obtenir de leur travail une meilleure sécurité et stabilité alimentaire . La sécurité sur l'île et la mer environnante s'est enfin améliorée ; les agents du projet qui soutiennent l'accès à l'école et apportent des pratiques d'hygiène et de développement humain, ainsi que des personnes pour leurs activités, se déplacent désormais facilement. Cela offre des conditions pour la mise à niveau des IGP existantes, et pour en créer d'autres, si des ressources sont disponibles pour investir à cet effet.

Les premières étapes ont été un programme pilote de micro-crédit pour libérer les pêcheurs de l'emprise des usuriers auxquels les prises devaient être vendues dans des conditions de net désavantage et de fraude. Aujourd'hui, c'est le projet qui l'achète à des conditions équitables puis l'utilise ou le revend. Un bon succès eut alors la diffusion dans différents lieux - méthode et outils simples - du fumage du poisson pour le conserver et le vendre plus facilement. Initiatives à développer davantage, ainsi que de nouvelles initiatives, pour diversifier les sources de revenus. Depuis longtemps à Maluso une petite boutique est tenue pour les familles Bajau qui leur propose des produits de première nécessité à de bonnes conditions ; tandis qu'un groupe de femmes continue de développer un artisanat traditionnel d'une beauté simple et harmonieuse. Mais diverses autres perspectives sont encore à expérimenter : élevage, cultures, hévéa…


Mauro Palombo
NP février 2021

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