La foi par la diplomatie

L'histoire de Lou Tseng Tsiang (Shanghai 1871–Bruges 1949) est très particulière : anglican comme son père, enfant il cherchait déjà sa propre voie de foi en étudiant Confucius, emblème de la sagesse chinoise. Ses dons intellectuels l'amènent à travailler à l'ambassade de Chine à Pétersbourg, il rêve d'une future carrière diplomatique. Mais un scrupule demeure en lui : comment pourra-t-il aider ses parents désormais âgés tout en restant en Russie ? Son supérieur à l'ambassade, Shu Kin Shen, intervient : « Nous avons des devoirs envers la société et notre pays. Qui pourra arrêter notre patrie sur le chemin du désastre ? Prenez vous et les autres jeunes la place des personnes âgées qui seront débordées, et faites de la Chine une construction adéquate ». Lou reste.

Et voici un autre défi, encore plus important: « La force de l'Europe ne se trouve pas dans ses armements, ni dans son savoir, elle se trouve dans sa religion. Vous observez la foi chrétienne. Quand tu auras saisi son cœur et sa force, prends-les et livre-les en Chine." A Pétersbourg, Lou épouse un enseignant catholique belge, avec un grand scandale de la part des deux familles. Entre-temps il devient ministre en Hollande, puis ambassadeur à Pétersbourg et enfin ministre des affaires étrangères de son pays mais la soif de vérité ne l'abandonne pas. Un jour, il demande à sa femme : si je devenais catholique comme toi ? Le drame de la mort prématurée de Berthe hâte sa conversion et aussitôt après il entre au noviciat bénédictin. Devenu moine, il s'installe à Bruges, où il meurt. Il rêvait de retourner dans sa patrie comme missionnaire : « Je voudrais dire à mes compatriotes : lisez l'Evangile, les Actes des Apôtres, les lettres de Paul. Alors vous vous poserez la question : le Dieu vivant et vrai, le Dieu unique, vit-il vraiment dans l'Église catholique ?


Annamaria Gobbato
NP Novembre 2022