La porte étroite
Publié le 29-08-2022
Sur le chemin du Carême, cette année aussi l'évangile de la porte étroite vient à notre rencontre et la première pensée qui me vient, les premières questions sont toujours : « Mais pourquoi ? Mais ne nous as-tu pas aimés jusqu'au bout ? Alors, comment allons-nous ? Pécheurs. Peut-être un peu abondant, avec des formes arrondies, mais toujours vos enfants ? Pourquoi nous mettez-vous devant une porte étroite, très étroite même ? Peux-tu nous proposer un chemin étroit et pauvre, parfois même un peu triste ?".
Peut-être cet évangile est-il à lire avec un regard plus large que simplement « laisser » quelque chose de notre vie, se laisser déshabiller pour essayer de passer à tout prix. Essayons plutôt de nous donner quelques règles, quelques suggestions pour faciliter le passage qu'au final c'est notre Pâques !
Premièrement, vous ne pouvez pas franchir la porte étroite si nous avons quelque chose en main, que ce soit ma poutre, la poutre d'un voisin ou la paille de quelqu'un d'autre, peut-être tenue exprès pour qu'ils s'en souviennent au bon moment.
Deuxièmement, je ne peux franchir physiquement cette porte que par moi-même, regardant droit vers le but, sans tourner mon regard à droite ou à gauche pour chercher les autres ou leurs rayons.
Troisièmement, j'y vais si mes mains sont jointes, en prière, ou tout au plus tendues vers l'autre, car en pointant les autres - ça va sans dire - on ne passe pas !
En pensant à cette porte et à notre vie de fraternité, je pense plutôt à un couloir, une sorte de lave-auto avec des rouleaux, des pommeaux de douche et tout le reste. Un couloir très étroit avec des frères des deux côtés, un couloir par lequel nous devons passer, quotidiennement. Il y aura le frère qui te lave, avec la sueur d'un travail partagé ou avec ses larmes ; celui qui te brosse, qui ressemble à du papier de verre, qui enlève même la première peau ; celui qui souffle et souffle toujours, tout comme les sèche-cheveux des lave-autos, celui qui ne finit que par cirer. Peut-être que ça ne sert à rien, mais c'est tellement mignon... et ça pétille un peu !
Une dernière chose, il faut gagner la porte étroite taillée de nos pointes, afin de la franchir sans casser les branches ; pour ensuite porter ses fruits au bon moment. Je suis la Porte, je suis le Chemin. Nous n'avons pas à nous inquiéter, la porte étroite ne peut être atteinte qu'en marchant sur le bon chemin, en accueillant ce que la vie met devant nous, en descendant de cheval alors que nous allons à Jéricho et, parfois, en durcissant le visage vers notre Jérusalem. Certain que devant cette porte nous aurons la bonne clé pour pouvoir passer, ce qui est probablement la charité entre nous. Les Arsenaux, ils ont plusieurs portes, ouvertes sur le monde, ouvertes 24 heures sur 24 tous les jours de l'année, la nôtre au Brésil est peut-être la plus franchie, chaque jour 2 400 pieds foulent le seuil de cette porte, comme eux : les chanceux certains, à l'intérieur des chaussures d'une longue journée, beaucoup avec une simple tong, certains nus, peut-être prêts pour la lavande du Jeudi Saint.
C'est une grande porte, celle de la charité et celle de l'Arsenal de l'Espoir, qui vous accueille tel que vous êtes, avec votre carte, votre photo, votre nom et, si c'est votre anniversaire, elle vous chante aussi ses meilleurs voeux ! Entrez, pour un moment de repos, un repas chaud, un lit propre.
Venez changer de vie si vous le souhaitez. Vous franchissez cette porte tous les jours pour sortir, re-sortir et affronter la journée à venir. Un passage, une Pâques qui nous demande de sortir de notre tombeau, mais comme ressuscité. C'est une porte qui vaut la peine d'être franchie, ne serait-ce que pour savoir ce qu'il y a au-delà.
Alberto Brigato
NP Aprile 2022