La question
Publié le 29-04-2024
Il y a des questions qu’on me pose plus fréquemment que d’autres.
Parmi tant d’autres, on peut citer : « Comment vous est venue l’idée de prendre cette photo et où vous êtes-vous physiquement placé ? Derrière le sujet certes, mais comment expliquez-vous ce choix ? Comment dire au sujet que vous êtes de retour là-bas pour prendre une photo ?" Lorsque vous photographiez dans la rue (s'il vous plaît, n'appelez pas ça de la photographie de rue, c'est de la photographie !), vous agissez instinctivement.
Il est probable que tout commence bien avant de prendre la photo. On dit que ce que vous pouvez voir est lié aux expériences que vous avez vécues, aux livres que vous avez lus et aux films que vous avez vus, mais aussi à la musique que vous écoutez.
Une partie que je considère très importante pour influencer le regard est le voyage, mais pas la totalité. Cela dépend de la modalité, du temps passé à observer lorsqu'on passe d'un point à un autre. Ce n’est qu’après l’observation que le besoin de raconter par la photographie apparaît.
Donc pour que tout fonctionne il faut ralentir la reconnaissance et allonger la vision. Notre regard sur les lieux et les personnes est parfois hâtif, trop court pour être assimilé et fixé dans nos mémoires.
Les voyages précipités ne sont pas des voyages, c'est une perte de temps, c'est du gaspillage. Voyager lentement est au contraire un acte politique, parfois même révolutionnaire.
Une chose est sûre, ce qui est urgent ne laisse presque jamais le temps pour ce qui est important et si l'on veut prendre de bonnes photos, il faut forcément ralentir et se procurer une paire de chaussures confortables.
Roberto Cristaudo
NP mars 2024