La valeur du cadeau

La vie est l'immense richesse que Dieu nous a donnée avec la création, avant même la conscience, l'intelligence, l'amour. Vouloir le rejeter, le mettre en danger en soi et chez les autres peut être le grand péché ; mais cela peut être la mesure de combien nous avons compris sa valeur, si nous nous souvenons qu'il n'y a rien de plus grand que de donner sa vie pour un ami (qui est n'importe quelle personne, qui est évidemment aussi l'ennemi).
Seulement s'il y a la conviction de cette valeur absolue de la vie, en effet, la perdre a le sens du sacrifice suprême.

D'où les valeurs à réaliser dans la vie : pas une vie amorphe, sans but, mais une vie à aimer, car la vie elle-même est aimée et donnée en sacrifice d'amour pour les autres. Aimez votre prochain comme vous-même, car la mesure de l'amour pour les autres est précisément la valeur du don que vous leur faites.
Capable donc aussi de jouir de ce qu'il y a de beau en elle ; capable de donner un sens à la recherche de la vérité, de faire, de construire, de planifier, de vivre chaque jour dans toutes les conditions, avec toutes sortes d'humeurs, de contraintes, de limites, de potentiels.
L'engagement social n'est plus une échappatoire mais c'est une redécouverte de la valeur du don que vous offrez aux autres ; ce n'est pas du stoïcisme inhumain, mais de l'espoir et une certitude plus profonde.

L'engagement pour le développement prend sens et devient le don aux autres de ce que nous avons : la possibilité de vivre, d'"être". S'il n'y avait pas cette certitude de la valeur de la vie, pourquoi chercher à ce que d'autres puissent vivre ? Pourquoi allonger ce temps s'il n'est considéré que comme un temps d'épreuve, de fatigue, de douleur ? Pourquoi se battre si le malheur était la substance de la vie ?
C'est seulement la certitude de l'immensité de la valeur de la vie qui justifie l'engagement pour le tiers monde.


Giorgio Ceragioli
de "Progetto" (maintenant "NP"), 1988, n. 4