Persécuté

Est-il vraiment nécessaire de risquer sa vie, ou de la faire risquer aux autres, pour faire circuler la Bible illégalement? Ne serait-il pas possible de maintenir la foi vivante en se contentant d'une transmission orale en remettant à des temps meilleurs l'étude approfondie des textes sacrés? «Beaucoup en Occident ont tendance à séparer la connaissance biblique de l'action qu'elle requiert, c'est-à-dire de la vie quotidienne. L'Église persécutée ne peut se permettre de séparer les deux. Nous opérons toujours dans des maisons sûres en Chine, où nous «disciplinons» des chrétiens nord-coréens. Je ne peux pas partager les détails, mais nous avons des récompenses incroyables. Ces disciples, une fois arrêtés, ne s'effondrent pas mais restent fidèles jusqu'au bout». Les propos d'un des «infiltrés» de la foi ne peuvent surprendre que ceux qui n'ont rien à voir avec ces héros silencieux et anonymes du christianisme.

En l'absence de retour direct, il est difficile de dire si quelqu'un ne s'effondre vraiment pas devant les bourreaux. Malgré tout, on ne peut pas dire que la foi ait disparu de la Corée du Nord. Des familles entières ont été emprisonnées, torturées et même tuées parce qu'un membre a refusé de renoncer à sa foi. Même les collaborateurs de "Porte Aperte", l'organisation nord-américaine répandue dans le monde entier, doivent donner leur vie pour travailler sous couverture. « Partager l'évangile avec quelqu'un, sachant qu'il ou elle peut être tué à cause de cela, est une responsabilité que nous devons assumer », déclare l'un d'eux. Mais est-ce que ça vaut vraiment le coup ? « Je vais vous raconter l'histoire vraie d'une famille en Corée du Nord. Il y a de nombreuses années, leur foi a été "exposée" et depuis lors, ils sont devenus esclaves dans un camp de prisonniers." Une fois libérés, ils ont dit à notre interlocuteur ce qu'ils ressentaient. « Nous pensions que Dieu nous avait oubliés. Comment pouvait-il se permettre tant de souffrance ? La nuit, nous devions chercher de la nourriture pour survivre. Certains jours, nous avons pensé à renier notre foi ». Ils ne l'ont pas fait. Quelque temps plus tard, ils rentrèrent chez eux où, toujours cachés, ils continuèrent à prier Jésus.

Dirigée par une dictature totalitaire inspirée des principes du stalinisme, la Corée du Nord est dominée par la même famille depuis des générations. Lorsqu'un chrétien est découvert, le régime ne se contente pas de punir l'individu. Toute la famille est condamnée : parents, grands-parents, enfants. Tous envoyés dans des camps de travail. Les histoires qui fuient des très rares fugitifs survivants sont effrayantes. Les chrétiens subissent un lavage de cerveau. En remplaçant les dix commandements de l'ancien testament par ceux que Kim Joung-un a écrits pour les damnés des camps de Yodok, Bukchang, Kaechon et Chongori. Les plus chanceux sont libérés des années plus tard, lorsqu'ils sont considérés comme pleinement « rééduqués ». Le reste est expédié à vie dans des "zones de contrôle total". Certains ont rapporté avoir vu des prisonniers mutilés, d'autres défigurés par la torture. Le travail se fait en groupe et quiconque enfreint une règle est sauvagement puni. Ce doit être aux codétenus, sous le regard des militaires, de punir brutalement ceux qui ont violé les « commandements ». Les rapports sexuels sont interdits, sauf pour les "prisonniers modèles". Les nourrissons nés de relations clandestines sont immédiatement euthanasiés et si une femme est découverte avec une "grossesse non autorisée", elle est forcée d'avorter.

Les 10 commandements de Kim Jong-un sont faciles à retenir: ne fuyez pas; le rassemblement de trois détenus ou plus est interdit ; ne pas voler; obéissez aux ordres des gardes ; avertir immédiatement lorsque vous voyez un étranger ou une personne suspecte ; surveiller les autres et signaler rapidement les comportements inhabituels d'autres détenus ; effectuer toutes les tâches assignées dans leur intégralité ; les contacts entre hommes et femmes, sauf pour des besoins de travail autorisés, sont interdits ; se repentir sincèrement de ses erreurs ; tirer immédiatement sur ceux qui violent les lois du terrain. Le christianisme est considéré comme l'un des principaux ennemis de la tyrannie. Du peu qui s'est passé, on apprend que ces dernières années des centaines de personnes accusées d'avoir comploté pour renverser le régime ont été "purgées" en créant 500 communautés familiales clandestines. Autrement dit, pour s'être réunis en prière en petits groupes. Kim Jung-wook, un citoyen sud-coréen arrêté et accusé d'avoir créé des communautés familiales chrétiennes clandestines était un missionnaire chrétien-baptiste, a même été kidnappé par des agents nord-coréens en territoire chinois, dans la ville frontalière de Dandong et emmené en Corée du Nord. Il n'y a pas eu de nouvelles de lui depuis des années. Le christianisme est une religion intrinsèquement incompatible avec toute forme d'autoritarisme. La tyrannie nord-coréenne ne peut donc pas se permettre l'expansion d'une telle menace.

Nello Scavo
NP mai 2021