Sois mes yeux

Le nom du groupe fondé par Norbert Casali est déjà un programme : lui, aveugle, témoigne aux enfants et aux adultes de ce qu'est le handicap. Il le fait avec ses amis, qu'il a rencontrés sur la piste d'athlétisme. Dans le projet Be my eyes , le sport est au centre.
Norbert ne court jamais seul : athlète de triathlon de compétition, il est accompagné dans les compétitions et les entraînements par une autre personne. Vous descendez la piste attachée main à main par une corde. L'un garde le rythme, l'autre la direction. "Courir avec une autre personne vous fait concourir d'une manière différente: vous vous concentrez sur qui vous devez conduire, plus que sur vous-même", explique Federica Putti, 25 ans de Bergame qui est une athlète et guide Fispes (Fédération italienne paralympique et sports expérimentaux). "Quand vous rencontrez le monde des athlètes paralympiques, vous découvrez beaucoup de choses que vous n'aviez pas imaginées", explique-t-il, "vous entrez dans une perspective différente". Les difficultés ne sont plus « des problèmes inaccessibles, mais des occasions d'inventer de nouvelles solutions ».

Norbert, Federica et les autres jeunes de Be my eyes font le tour des écoles de Lombardie pour sensibiliser à la question du handicap. Dans les classes, ils mettent un bandeau sur les yeux des enfants et des jeunes et leur demandent de faire des gestes quotidiens : verser de l'eau dans un verre, dessiner. Les réactions des participants sont les plus diverses : « Quelqu'un est rigide, quelqu'un est anxieux. Mais la plupart d'entre eux saisissent bien l'instant et nous suivent dans la réflexion » précise Norbert. L'étape suivante consiste à faire l'expérience de ce que signifie s'appuyer totalement sur une autre personne : les garçons effectuent des activités dans le gymnase, par paires, l'un les yeux bandés et l'autre non. Le but de Norbert est de témoigner d'un concept : « Parlons du handicap pour arriver à l'idée de l'unicité de chaque personne ». Si pour Federica être guide c'est « avoir une grande responsabilité et ressentir une grande satisfaction », pour Norbert courir en couple c'est « se sentir bien, se sentir vivant, s'amuser » : vous y gagnez à deux.


Chiara Vitali
NP octobre 2021