Victimes

Yitzhak Rabin (1922-1995), général et premier ministre d'Israël, prix Nobel de la paix, en visite à Auschwitz le 20 avril 1993, a prononcé ces mots : « Chaque poignée de terre, dans cet endroit maudit, est trempée dans le sang des victimes. .

Chacune des casernes désormais silencieuses de ce terrible camp entendait les cris des torturés. Ici, chaque mur de séparation est un mur des lamentations. Tous les barbelés rouillés de cette ville de mort portent entre leurs épines les corps exsangues de nos frères, et le vent ici portera toujours sur ses ailes la fumée des fours.

Face à la faim, à l’isolement, à l’humiliation, au froid et à la torture, qui aurait pu se comporter différemment ? Ils n'allaient pas à l'abattoir comme des agneaux. Ici est morte une nation abandonnée, un peuple livré à lui-même. Cinquante ans ont passé, et les cris nous déchirent encore les tympans. Même si le puits de larmes s’est tari depuis longtemps, nous n’oublions pas et nous ne pardonnons pas.

Les yeux effrayés des frères qui ont quitté le monde des vivants sans savoir pourquoi, leurs regards furtifs en quête d'un salut destiné à ne pas venir, leurs cris, leurs larmes et leurs cris étouffés résonnent encore à nos oreilles. Toutes nos annales, depuis l’aube de nos jours jusqu’à l’éternité, s’effacent devant l’ombre du crime le plus horrible de l’histoire.

Partout où nous allons en Israël, la mémoire de l’Holocauste, avec la douleur qu’il nous a causée et les leçons qu’il nous a enseignées, nous accompagne. Nous ne sommes pas brisés. Malgré l'état sans défense de ceux qui étaient ici, malgré le désespoir noir et la marche vers les lieux de mort - la potence, les chambres à gaz et les incinérateurs - la nation d'Israël vit ! Nous sommes ressuscités des cendres des victimes et avons créé une nation, un État riche en qualités morales, culturelles et intellectuelles et doté d'une puissance militaire. Aujourd'hui, cinquante ans plus tard, nous disposons de suffisamment de force et de ressources spirituelles pour faire face aux impératifs de l'époque, repousser les ennemis, construire un foyer et accorder l'asile aux persécutés. Et nous avons assez de force et assez d’esprit pour vaincre quiconque souhaite le mal et pour tendre la main à nos ennemis en signe de paix. »

Yitzhak Rabin sera tué par un juif fanatique et ennemi de la paix. Trente ans plus tard, nous sommes toujours à Auschwitz. Nous n'avons rien appris. La terre de Jésus est toujours « trempée dans le sang des victimes ».

Renzo Agasso

NP Novembre 2023