Éducation numérique

Francesco Oggiano est un visage bien connu de ceux qui suivent les réseaux sociaux.
Journaliste de Will Media, l'une des réalités d'information les plus innovantes d'Instagram.
Les outils et les moyens de communication changent, mais la responsabilité reste une boussole. Pour cette raison, il devient crucial d'apprendre à bien se déplacer dans les environnements numériques. Nous en avons parlé avec lui dans un épisode de Piazza Giovani.

L'éducation en premier. Pouquoi?
Tout part de l'idée d'expliquer comment naît l'actualité. Grâce aux réseaux sociaux, nous sommes confrontés à des milliers d'actualités provenant d'une multitude de sources, qui nous assaillent de sujets et de titres très captivants. Il n'est pas possible de rester de simples consommateurs d'informations, mais il faut devenir journaliste, développer un sens critique pour distinguer le blabla du fond. En effet, lorsque vous faites défiler l'actualité sur votre téléphone mobile, il est facile de devenir la proie des émotions que suscitent les mêmes titres. En réalité il faut respirer pendant 10 secondes, et s'amuser à essayer de retracer et reconstituer la genèse de l'information elle-même.

Existe-t-il donc une méthode pour reconnaître les fake news ou clickbait, les news qui attrapent les utilisateurs ?
Les principaux commandements sont au nombre de deux. La première : quand les nouvelles sont trop bonnes, il faut se dire que ce n'est jamais comme ça, que c'est peut-être incomplet.
En fait, les nouvelles incomplètes sont beaucoup plus glissantes que les fausses nouvelles, qui sont manifestement fausses.
Deuxièmement : ne vous contentez pas d'une seule source, il faut en chercher d'autres pour pouvoir les croiser. Si vous trouvez un titre dans un journal mais dans d'autres, ce n'est peut-être pas une si vraie nouvelle.

Vous venez de publier un livre : Sociabilité, un livre pour mieux comprendre comment fonctionnent les réseaux sociaux et surtout comment on fonctionne au sein des réseaux sociaux. Autrefois vous alliez sur Instagram pour vous évader du monde, aujourd'hui vous allez sur Instagram pour comprendre le monde. Comment s'est passée cette transition et comment la voyez-vous ?
La transition a eu lieu entre 2019 et 2020. La première cause était Instagram qui permettait de partager une publication au sein d'une story. Avant on ne pouvait mettre qu'un j'aime. Une publication que vous aimez peut facilement devenir virale car elle est partagée. Deuxièmement, la pandémie : après la première semaine, nous ne savions plus quoi photographier et de quoi parler. Ensuite, les utilisateurs ont commencé à tourner leur regard vers le monde extérieur. La troisième cause : le meurtre de George Floyd. La nouvelle de son meurtre a été la plus virale de tous les temps. Les militants noirs ont commencé à concentrer toutes leurs activités de sensibilisation sur Instagram. Aujourd'hui, nous nous informons tous avec Instagram, mais Instagram est fait de vagues : des événements comme la crise afghane ou la crise ukrainienne peuvent monopoliser les pages Instagram pendant des jours, ne laissant aucune place à autre chose.

Tiktok se dépeuple depuis deux ans, quelle expérience avez-vous et comment peut-on agir ?
Je vais vous répondre par un fait : entre le 20 et le 28 février de l'année dernière, les vidéos avec le tag « Ukraine » ont été visionnées 17 milliards de fois. Tiktok devient de plus en plus un réseau social d'information.
Les vidéos de guerre sont les mieux adaptées à Tiktok : impact instantané, format vertical, images sensationnelles.
Au début Toktok n'était que des ballets et des chansons, maintenant c'est passé la phase adolescente : tout le monde peut suivre n'importe quel événement et les vidéos sont très populaires. De nombreuses réalités du monde de l'information tentent de se rendre sur Tiktok. Des contenus sympas, on passe aux actualités dures, aux chroniques, aux guerres.

Par la rédaction
NP mars 2023