Eduquer l'esprit et le corps

Un proverbe bien connu dit "on apprend en faisant des erreurs" et nous sommes tous d'accord : ce n'est qu'en expérimentant et en tombant que nous pouvons apprendre de nouvelles choses. Prenons l'exemple d'un enfant qui apprend à marcher : l'équilibre nécessaire pour franchir un pas après l'autre ne s'apprend qu'en essayant et en essayant encore, en tombant et en se relevant. Mais pour que l'enfant ne se décourage pas, il sera important d'avoir quelqu'un de proche pour lui remonter le moral, le consoler au moment d'une chute, le rassurer qu'il apprendra petit à petit. Une telle attitude nous semble naturelle et évidente ! Essayons de traduire cette expérience dans l'école.

Daniela Lucangeli, professeur de psychologie du développement à l'Université de Padoue, rapporte l'épisode d'un enfant qu'elle avait suivi en raison de difficultés d'apprentissage : après avoir affronté et résolu les difficultés scolaires, l'enfant lui a demandé : « Maintenant que tu as éliminé les erreurs, est-ce que tu m'enlève aussi la douleur des erreurs ? » Cette phrase contient le cœur de nombreux problèmes liés aux apprentissages à l'école (et au-delà) et souligne l'importance de l'attention qu'un enseignant doit activer dans la délicate tâche d'enseigner !

Dans le passé, l'école était trop souvent axée uniquement sur la transmission des savoirs, sans trop prêter attention aux besoins et aux spécificités de chaque élève. Aujourd'hui, cette attention aux besoins de chacun est largement reconnue comme nécessaire, surtout quand on parle de la sphère émotionnelle des enfants et des jeunes qui fréquentent l'école. Ces attentions se sont également développées grâce à des preuves scientifiques récentes sur la façon dont les émotions et les capacités cognitives sont interconnectées de manière très significative.
En effet, jusqu'à il y a quelques décennies, on pensait que la partie cognitive et la partie émotionnelle de notre cerveau ne communiquaient pas entre elles, car chaque fonction réside dans une zone spécifique et distincte. En réalité ce n'est pas le cas : dans notre cerveau aucune fonction n'est silencieuse aux autres, en effet dans ce système complexe tout peut être activé simultanément.

Les recherches en neuroimagerie, c'est-à-dire les techniques permettant de mettre en évidence les zones actives du système nerveux, ont montré que toute activité cognitive (apprendre quelque chose) correspond toujours à l'activation d'une partie émotionnelle ; l'aspect intéressant est que la combinaison entre ces deux parties reste stable et est mémorisée.
Qu'est-ce que tout cela implique ? L'enfant qui parle de la douleur des erreurs a certainement eu une expérience scolaire qui a fixé dans son esprit que, lorsqu'il va à l'école, il est très susceptible d'éprouver des émotions négatives, qui font peur et dont il vaut mieux s'évader.

Ensuite, chaque enseignant doit se rappeler que de nombreux aspects peuvent marquer la vie présente et future des élèves qu'ils rencontrent : si nous semons des émotions positives, de l'empathie, de la proximité, celles-ci s'ancreront dans l'esprit des enfants et des jeunes ensemble. avec ce que nous enseignons. Et ces ingrédients leur permettront de se sentir non pas des têtes à remplir, mais des trésors à découvrir et à partager.

Valentina Turinetto
NP mars 2023