Lumière du peuple

Dans la lumière pascale, nous pouvons ouvrir ce qui est le document le plus important issu du Concile Vatican II : celui sur l'Église. C'est une constitution dogmatique qui a révolutionné le concept de l'Église catholique de rite latin, mais encore plus elle nous pousse à essayer de comprendre ce que voulait le Seigneur Jésus en rassemblant ses apôtres et en les envoyant prêcher la bonne nouvelle au monde entier . On ne peut pas dire que ce document extraordinaire a déjà porté tous les fruits qu'il porte. Le sentiment des fidèles et plus encore une mentalité trop enracinée dans la pensée des pasteurs, freinent la juste évolution vers une compréhension plus profonde de la structure et de la mission de l'Église de Jésus-Christ dans le monde. Mais les grandes révolutions de la pensée ont besoin de temps, de générations, avant de porter leurs fruits

Quand on dit "l'Église", beaucoup pensent encore aujourd'hui au pape ou aux évêques, ou du moins à la hiérarchie ecclésiastique, alors que le Concile nous invite à penser à toute une population de baptisés qui vivent nourris de la Parole de Dieu, qui croient en Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit et veulent vivre comme une famille réunie par l'amour de Jésus-Christ. Le passage de la verticalité de la hiérarchie au cercle des croyants unis par la même foi, espérance et charité nous a fait prendre conscience de la grandeur de chacun et de la nécessité et de la responsabilité dans l'engagement à faire vivre le Corps du Christ Sauveur dans le monde d'aujourd'hui.

Naturellement, les différentes responsabilités de chacun ne sont pas niées et les bergers continuent d'avoir leur propre rôle spécifique et capital, mais sont nés de la chair vivante d'un peuple qui se reconnaît comme sauvé par la Pâque du Fils de Dieu, qui est venu homme comme nous, pour sauver tous ceux qu'il appelle ses frères.
Selon la tradition, le document tire son nom des premiers mots du texte ; pendant la préparation elle s'appelait simplement « L'Église », mais aujourd'hui nous l'appelons : Lumen gentium qui traduit signifie La lumière des nations, qui est le Christ. Le Concile a tout de suite voulu dire que Jésus, le Verbe incarné, le Fils éternel du Père éternel, notre Dieu, est la lumière qui veut éclairer non seulement les chrétiens, mais tous les peuples. L'Église n'est pas une association fermée sur elle-même, qui ne veille qu'au bien de ses membres, mais un Corps, le Corps du Christ qui s'offre pour tous et appelle tous à la lumière et à la joie du Royaume du Père. "Illuminez tous les hommes de la lumière du Christ qui brille sur le visage de l'Église", dit le début de la constitution : ici, nous voyons déjà la grande responsabilité de tous les chrétiens. Avec la puissance de l'Esprit Saint, ils sont tous appelés à illuminer par la parole et par l'exemple ceux qui naissent dans un monde qui, bien souvent, non seulement n'est pas chrétien, mais se veut lui-même sans Dieu. la contrainte ou la loi, mais avec leur vie. L'Église est, dit le Concile, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire le signe et l'instrument qui opère efficacement, même si ce n'est pas toujours visiblement, de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain. La lumière du Christ brille et c'est pourquoi l'Église est envoyée, elle est paix, levain de paix et d'unité et réalise la fraternité de tous les hommes selon la volonté du Créateur.

Le Concile dit qu'il s'agit d'un devoir urgent de l'Église, pas simplement d'un hasard dont elle peut se réjouir. En laissant briller la lumière du Christ, elle doit agir de telle manière que les personnes comprennent qu'elles trouveront leur vraie nature dans la fraternité humaine. "Afin que tous les hommes, aujourd'hui unis plus étroitement par des liens sociaux, techniques et culturels divers, parviennent aussi à la pleine unité dans le Christ".


Cesare Falletti
NP  Avril 2023