Miracles recherchés

Au pied des marches de l'avion papal, qui a atterri à Prague le 21 avril 1990, le Président de la République a accueilli avec émotion Jean-Paul II.
« Votre Sainteté, chers concitoyens, je ne sais pas, si je sais, ce qu'est un miracle. Malgré cela, j'ose dire qu'en ce moment je participe à un miracle : celui qui, il y a six mois, a été arrêté comme ennemi de l'État, accueille aujourd'hui, en qualité de Président de cet État, le premier Pontife qui, dans l’histoire de l’Église catholique, a mis le pied sur cette terre. »
«Je ne sais pas, si je sais, ce qu'est un miracle. Malgré cela, j'ose dire que cet après-midi je participerai à un miracle : au même endroit, où il y a cinq mois - le jour où nous nous réjouissions de la canonisation d'Agnès Boema - se décidait aujourd'hui l'avenir de notre pays. le Chef de l'Église catholique célébrera la Sainte Messe et remerciera probablement notre Sainte pour son intercession auprès de Celui qui tient entre ses mains le cours impénétrable de toutes choses.

«Je ne sais pas, si je sais, ce qu'est un miracle. Malgré cela, j'ose dire qu'en ce moment je participe à un miracle : le messager de l'amour arrive dans le pays dévasté par l'idéologie de la haine ; le symbole vivant de la culture arrive dans le pays dévasté par le gouvernement des ignorants ; dans le pays jusqu'à récemment dévasté par l'idée de confrontation et de division dans le monde vient le messager de paix, de dialogue, de tolérance mutuelle, d'estime et de compréhension sereine, annonciateur de l'unité fraternelle dans la diversité".
«Pendant de longues décennies, cet esprit a été banni de notre patrie. J'ai l'honneur d'être le témoin du moment où son sol est baisé par l'apôtre de la spiritualité." «Bienvenue en Tchécoslovaquie, Votre Sainteté».

Le Président qui parle ainsi s'appelle Vaclav Havel (1936-2011) (photo), dramaturge, essayiste, poète, dissident persécuté et emprisonné par le régime communiste tchécoslovaque. Lors de la chute du mur de Berlin en 1989, ses concitoyens l’ont élu. Un miracle, probablement. Sanctionné par l'arrivée du pape polonais. « Révolution de velours », a-t-on appelé. Sans effusion de sang. Vaclav Havel, un doux poète, a sorti son peuple de la nuit de la haine, sans chercher à se venger, mais en lui accordant le pardon. Dans notre présent, la haine, l’ignorance et la division persistent.
Quand les doux hériteront-ils enfin de la terre ?

Renzo Agasso
NP mars 2024