Piersanti Mattarella, Artisan de la Paix

Cher Piersanti,
la mort t'a rencontré
et t'a rendu vivant pour toujours
à travers les larmes
de vos proches.
Tu vis
et tu es un exemple pour nous
tu es pour nous la certitude que le bien
personne ne peut le tuer.

Ernesto Olivero

Un Artisan de Paix est quelqu'un qui travaille avec courage, compétence, détermination et talent pour créer les conditions d'une coexistence plus juste, où la paix devient possible.
Dans la sphère civile et politique, cela signifie : garantir la transparence des affaires publiques, le bien-être économique généralisé et la justice sociale pour tous les citoyens. En ce sens,
Piersanti Mattarella était un authentique artisan de la paix, un martyr de la paix.
Dans les années 1970, il a eu le courage et la force morale d’entreprendre une politique de réforme pour libérer la Sicile de la connivence meurtrière entre la mafia et la politique.
Un exemple de responsabilité et de détermination, de légalité et de cohérence, d'éthique et de politique.
 

Piersanti Mattarella est né à Castellammare del Golfo le 24 mai 1935, de Bernardo Mattarella, homme politique des démocrates-chrétiens, dix fois ministre entre les années 1950 et 1960, et de Maria Buccellato.
Il est le deuxième né de quatre frères. Le dernier, Sergio, est notre président de la République. La famille s'installe à Rome en 1948 et s'implique dans l'Action catholique. Il a obtenu les meilleures notes en droit à l'Université Sapienza.
En 1958, il retourne en Sicile, épouse Irma Chiazzese, devient assistant de droit privé à l'Université de Palerme et naissent ses enfants Bernardo et Maria.
Entre 1962 et 1963, il rejoint la DC, malgré le désir de son père Bernardo de l'éloigner de la vie politique sicilienne. Il croit au renouveau de la DC à partir de la récupération de ses racines religieuses et morales.
En novembre 1964, il devient conseiller municipal à Palerme, en pleine crise de la DC : Lima et Ciancimino s'implantent en effet et le « sac » de la ville se prépare. En 1967, après son entrée à l'Assemblée Régionale, Piersanti parle de transparence, il lutte pour éviter l'opacité et les cliques. Il fut réélu pour deux législatures, en 1971 et 1976. Dans les années du « compromis historique », idée lancée par Enrico Berlinguer en 1973, Moro devint l'ami et le professeur de Piersanti, l'héritier et successeur du mouvement historique et ligne politique du catholicisme démocratique de Sturzo et De Gasperi.
Sa vie n'est pas facile dans la politique sicilienne.
Il garde soigneusement sa vie privée afin qu'elle ne soit pas touchée par des poisons.
Le 8 février 1978, il est élu président de la région sicilienne à la tête d'une coalition de centre-gauche avec le soutien extérieur du PCI. Il prononce des paroles inconfortables contre la mafia, alors qu'il y avait encore ceux qui niaient son existence.
Mais surtout, il agit sur la transparence du gouvernement régional avec l'approbation de réformes, notamment en matière de marchés publics et d'urbanisme, terrain de spéculation et d'intérêts des mafieux et des promoteurs immobiliers.
Le 6 janvier 1980, jour de l'Épiphanie, Piersanti quitte son domicile de la Via Libertà. Il monte dans sa voiture pour aller à la messe avec sa famille. Il n'a pas d'escorte. En vacances, Mattarella le refuse, il souhaite que les agents puissent être avec leurs familles. Un tueur s'approche et lui tire dessus. L'un des fils court avertir son frère Sergio, qui descend aussitôt.
Elle l'accompagne dans sa course jusqu'aux urgences. A leur arrivée, Piersanti n'est plus là. Il n'avait que 45 ans.
Près de 43 ans se sont écoulés depuis l'assassinat de Piersanti Mattarella et, si sa mort reste encore obscure d'un point de vue procédural, sa figure reste lumineuse. Piersanti vivait avec la conviction que pour les chrétiens, il n'est jamais possible de séparer l'action politique de la moralité, de la culture de la légalité, d'une vision éthique du service, de la responsabilité individuelle et de la transparence.

Par la rédaction
Focus - Préparons la paix
NP Août / Septembre 2023