Signes du passé

Publié le 07-02-2023

de Valentina Turinetto

Chacun de nous a une carte d'identité biologique, avec toutes les informations écrites qui déterminent nos caractéristiques et guident les activités nécessaires pour vivre. Cette carte d'identité est notre génome, une séquence unique composée de quatre petites unités combinées de manière spécifique pour former des gènes.

Il y a plus de 20 ans, les premiers résultats sur le séquençage du génome humain étaient publiés, une prouesse scientifique extraordinaire qui a changé la face de la médecine. Depuis, nous disposons d'informations sur les régions du génome qui assurent le bon fonctionnement des cellules ; des altérations de ces informations peuvent provoquer des maladies. Le séquençage a également mis en évidence combien de parties de notre génome sont "apparemment" inutiles et a fourni des hypothèses sur notre évolution. Ce grand dictionnaire dont nous disposons continue d'être étudié, avec des approches de plus en plus précises et des méthodes de plus en plus sophistiquées, continuant d'élargir nos connaissances.

Il est également possible d'étudier le génome de nos ancêtres. Cette information est importante car elle retrace le chemin parcouru par nos gènes pour s'adapter et lutter contre des situations environnementales difficiles. Une étude intéressante a mis en évidence comment la "peste noire", l'une des plus grandes pandémies connues à avoir touché l'homme, a laissé des "cicatrices" indélébiles dans notre génome. Apparue en 1340, au Moyen Âge, la pandémie a causé des dizaines de millions de morts en Europe, en Asie et en Afrique, sur une période de sept ans. Cette pandémie a causé la mort de 30 à 50 % de la population et ceux qui avaient le bon "dictionnaire" pour se défendre ont certainement réussi à survivre.

Une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature a permis d'identifier les caractéristiques de ce dictionnaire. Le groupe de chercheurs du Canada et de Chicago a examiné l'ADN de sujets ayant vécu pendant la peste dans deux régions européennes différentes , le Royaume-Uni et le Danemark. En comparant les génomes présents avant la pandémie et après la pandémie, ils ont identifié quatre gènes associés à la protection contre l'infection par la peste bubonique : dans le "vocabulaire" génomique des survivants, il existe des séquences capables de protéger l'organisme des agents pathogènes envahisseurs. Ces différences génétiques ont influencé l'évolution du génome humain. Fait intéressant, cette protection contre les infections nous a en même temps rendus plus vulnérables aux maladies auto-immunes, telles que la maladie de Crohn ou la polyarthrite rhumatoïde.

Même en biologie, il est important de découvrir son passé afin de mieux comprendre comment on vit dans le présent. De nombreuses informations sont encore cachées dans le génome apparemment connu depuis plus de 20 ans. Qu'est-ce que tout cela nous dit? Qu'il est important d'étudier l'histoire passée sous toutes ses formes, car les questions qui la concernent peuvent nous aider à vivre le présent de manière plus consciente et complète.

Valentina Turinetto
NP Novembre 2022

Ce site utilise des cookies. Si tu continues ta navigation tu consens à leur utilisation. Clique ici pour plus de détails

Ok