SOS médicaments

Ces derniers mois, beaucoup d'entre nous sont allés à la pharmacie pour acheter un médicament d'usage courant et ont reçu la réponse qu'"il n'est pas disponible actuellement".

Depuis le printemps dernier la Fédération de l'Ordre des Pharmaciens Italiens (FOFI) a signalé l'indisponibilité de certains médicaments anti-inflammatoires. Depuis un an, surtout en période hivernale, caractérisée par des pics grippaux saisonniers et une présence toujours importante du Covid, la situation ne s'est pas améliorée. Selon les rapports de l'AIFA (Agence italienne des médicaments), il y a environ 3 200 médicaments en pénurie en Italie. Parmi ceux-ci, environ la moitié sont des médicaments qui ont cessé d'être commercialisés et pour lesquels des produits équivalents peuvent être trouvés pour les remplacer ; la partie restante se réfère plutôt précisément aux médicaments qui sont en pénurie, il n'est donc pas possible de trouver un produit qui les remplace. Il existe des médicaments appartenant à toutes les catégories, des anti-inflammatoires ou antibiotiques courants, aux médicaments du système nerveux, en passant par les produits pour l'épilepsie ou la maladie de Parkinson, les médicaments du système cardiovasculaire, comme les thrombolytiques, et les anticancéreux.

La situation que nous vivons dans notre pays n'est pas isolée ; en fait, la pénurie de médicaments touche toute l'Europe. Les difficultés d'approvisionnement des pharmacies dépendent de nombreuses raisons, qui peuvent interférer de diverses manières sur la chaîne complexe de production du médicament. Ce qui affecte le plus les difficultés actuelles, c'est la délocalisation de la production de principes actifs, qui rend les entreprises dépendantes de fournisseurs étrangers : 80 % des principes actifs utilisés dans l'Union européenne sont produits hors du continent, principalement en Chine, et environ 40 % de médicaments sont importés. A cela s'ajoute le manque de certaines matières premières comme l'aluminium, important pour la fabrication des blisters. Enfin, l'augmentation des coûts de carburant a également entraîné une diminution de la fréquence des livraisons de matériel.

La situation est certainement problématique, surtout pour les médicaments pour lesquels il n'est pas possible de trouver des solutions alternatives et qui traitent des pathologies importantes, comme une tumeur ou des crises d'épilepsie. Les différents pays expérimentent des solutions alternatives. En France comme en Suisse, les pharmaciens ont été autorisés à préparer des produits galéniques (médicaments préparés par un pharmacien en laboratoire). En Italie aussi, les pharmacies ont été invitées à se mobiliser pour disposer de tous les outils nécessaires à la fabrication de produits galéniques. En Allemagne, il a même été proposé de créer une sorte de marché par lequel les particuliers pourraient mettre à disposition des médicaments non utilisés en leur possession.

Pendant ce temps, l'Union européenne devra travailler pour renforcer sa production de médicaments, avec une augmentation conséquente des prix. Leur criticité nous touche de près et nous fait vivre concrètement que la globalisation de l'économie peut facilement être mise en difficulté. Assurément une occasion de plus de repenser l'économie en termes nouveaux, sans jamais oublier la solidarité et l'humanité, car la santé est le droit de tous !


Valentina Turinetto
NP Avril 2023