Toujours en mouvement

Même si les médias le font paraître petit, c'est toujours un monde plus vaste, plus riche en variété, que nous ne l'imaginons. Promouvoir des voies de développement humain, c'est aussi la beauté de rencontrer des gens comme nous, mais avec des vies et des histoires différentes, parfois très différentes. Des histoires qui deviennent une partie et une richesse les unes pour les autres... Parmi les nombreuses, celles qu'en 25 ans de voyage, nous avons vécues pour et avec les nomades dans le monde, aux côtés de la mission particulière de Don Renato Rosso, fidei donum pour eux.

Les nomades sont à peine visibles, cachés, mais toujours présents presque partout, à la marge. Des cultures très traditionnelles, mais aussi complexes et articulées. Des communautés, des groupes, avec des évolutions différentes selon les lieux et les sources de vie. Leur survie très incertaine, a aujourd'hui dépassé les activités qui la permettaient : les caravanes commerciales issues du transport, de l'élevage ovin et de la pêche concurrencent les techniques modernes et les espaces confinés, de même pour les artisans itinérants. Ceux qui partent pour les villes deviennent généralement des mendiants. Leur histoire est celle des racines du voyage de l'humanité. Le présent, livré à lui-même, est beaucoup moins radieux, fait de statut social bas, d'opportunités minimales. L'avenir, pour exister, demande un travail minutieux et patient.

Don Renato, entrant sur la pointe des pieds, vivant avec eux et comme eux, essaya de les faire émerger, dans une nouvelle relation avec le monde extérieur, aussi avec les églises locales qui les accueillaient ainsi ; ouvrir un horizon de renouveau, vers lequel continuer à avancer. Après les bergers Bhil du Rajasthan, et avec ceux du Bangladesh avec les tribus, et avec les Bara à Madagascar, le plus gros projet qui nous est confié est celui avec les communautés Sama-Bajau de l'île de Basilan, à l'extrême sud du Philippines.

Ils ont la mer pour maison. À l'origine sur des bateaux, ils vivent aujourd'hui dans des maisons sur pilotis le long de la côte ; la survie précaire toujours liée à la pêche, pourtant très appauvrie. L'engagement avec eux des pères clarétains est vital, que nous soutenons de toutes les manières, et qui a également répondu aux défis des années de guérilla sur l'île, des pirates et de la pandémie. Le premier domaine pour les Bajau est aussi l'école. Adapté aux besoins, non pas pour homogénéiser, mais pour de nouvelles prises de conscience et capacités. Un à un, les opérateurs, avec un beau succès, soutiennent l'inclusion dans les écoles publiques des plus petits - plusieurs centaines à ce jour, avec la préscolaire pour les préparer, après l'école, les repas, les transports. De nombreuses structures construites dans les colonies ; le soir, ils accueillent l'alphabétisation des adultes, l'éducation et les soins de santé, et la vie communautaire qui se développe autour de ceux qui sont formés comme leaders. Parallèlement, il est essentiel de promouvoir des initiatives génératrices de revenus pour les familles. Grâce à des années de travail, la pêche bénéficie aujourd'hui de microcrédits, d'une centrale d'achat de poisson à des conditions équitables, de séchoirs dans les villages pour ne rien perdre. Cependant, il est nécessaire de se diversifier progressivement. Tous les débouchés sont recherchés pour le bel artisanat des femmes, l'arboriculture fruitière et l'aviculture s'ajoutent sur le continent… toujours ouvert aux nouvelles idées.

Ici ou ailleurs, les jeunes seront capables de nouveaux possibles. Devenir plus d'hommes, plus de femmes, vrais et authentiques, passe toujours par le dialogue, la connaissance, l'attention, et surtout l'école. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, les communautés traditionnelles retrouvent vie et énergie.



Mauro Palombo
PN novembre 2022

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