Retour agricole

Le confinement est arrivé ici en Jordanie alors que nous nous préparions pour les semis d'été et la saison complète de la récolte des haricots et des pois. Du coup, nous nous sommes retrouvés seuls avec tout le travail que nous faisions normalement avec une trentaine d'enfants handicapés de la formation professionnelle, un ingénieur agronome et un agriculteur. Nous nous sommes vite rendu compte que le travail était trop gros pour être effectué et nous avons donc décidé de concentrer nos efforts sur les légumes déjà semés et presque prêts à récolter, afin que rien ne soit gaspillé surtout dans une période difficile comme celle-ci. Nous avons ramassé les derniers épinards, chou rouge et brocoli, quelques salades survivantes, nous avons gardé un œil sur les fèves et les pois qui ont continué à pousser et ont donné à boire aux oliviers et aux arbres fruitiers.

Mais avec le passage des semaines et la complicité de quelques jours de tempête suivis des premiers jours très chauds de la saison, nous nous sommes retrouvés face à un autre problème: l'herbe a beaucoup poussé! Le vert qui rend le paysage toujours très suggestif ici de février à avril a disparu en quelques jours, laissant place au jaune de l'herbe désormais sèche. Le verrouillage nous a empêché de pouvoir appeler immédiatement un tracteur et lorsque les véhicules agricoles ont pu à nouveau circuler, l'herbe était si haute qu'elle a empêché l'accès au champ et tout travail agricole. Les haricots et les pois étant maintenant prêts à être récoltés, il a fallu intervenir rapidement.

Nous avons commencé à chercher de l'aide et avons trouvé de nombreuses portes closes ... alors nous avons pensé à appeler un vieil ami de l'Arsenal qui nous avait dit les jours précédents: "S'il vous plaît, dites-moi ce dont vous avez besoin!". Dit, fait ... il vient voir et nous dit: «Ne t'inquiète pas, je m'en occupe». Le lendemain, il nous envoie trois ouvriers agricoles et un tracteur. Il ne se contente pas de nettoyer les passages et de rendre la zone ensemencée accessible mais il laboure les 33 hectares de notre champ. Il nous donne tout le travail. Maintenant, les haricots et les pois sont accessibles, mais nous réalisons que le coût des travailleurs pour nous aider est beaucoup plus élevé que la valeur de la récolte ... nous aurions besoin de quelqu'un pour rendre gratuitement le travail des travailleurs pour faire une charité aux familles que nous aidons et que dans pendant cette période, ils ont du mal à trouver et à acheter de bons légumes frais. Nous décidons donc de contacter certaines personnes qui sont normalement des «fidèles clients» de notre «bazar aux légumes» pour leur demander si elles sont prêtes à nous aider dans ce retour: donnez-nous la collecte de légumes pour pouvoir faire un don. Au premier coup de fil, nous expliquons la situation et recevons cette réponse: «Ne vous inquiétez pas, je vais m'occuper de cette association».

Nous obtenons bien plus que ce dont nous avons besoin. En quelques jours, tous les pois et fèves sont récoltés et nous parvenons à obtenir quelques familles de légumes. Petits signes d'espoir et de restitution même au moment du verrouillage. Car si le cœur sait bouger, rien ne peut bloquer la générosité ... et le bonheur de rendre les autres heureux.

Arsenale dell'incontro
NP Giugno/Luglio 2020