L'espoir qui ne déçoit pas

Cela fait des semaines que nous annonçons l'ambiance printanière, même si nous n'avons pas encore accepté un hiver qui a perdu ses caractéristiques habituelles, avec une montée du smog peu encourageante. Mais ce contexte saisonnier anormal coïncide pour les croyants avec le chemin du Carême, pour avoir le réalisme des limites que nous rencontrons, avec les fragilités qui se font sentir, avec les inquiétudes du clair-obscur qui nous frappent. Et qui sait si nous avons encore l’opportunité ou le courage de regarder à l’intérieur de nous-mêmes et de découvrir ce qui fait vraiment bouger nos vies ? Bien entendu, nous traversons une période compliquée et controversée. L'horizon élargi qui s'ouvre devant nous nous apporte de lourdes ombres, qui sentent les guerres, les atrocités, les blessures, les folies diverses...

Symptômes d'une humanité presque perdue, éprouvant de première main une sorte de confusion mortelle, n'étant plus capable de penser et d'agir positivement, mais se laissant emporter par le pire. C'est une saison où l'obscurité devient sombre. Et il n’est pas nécessaire de faire des détournements sur divers fronts médiatiques et banals, pour presque pousser les gens à simplement se distraire. Non, les moments sont douloureux et pénibles. Il nous faut désespérément trouver la clé du problème, en partant de la dignité reconnue des personnes, de la liberté assurée aux peuples, d'une justice qui soit vraiment pour tous, en partant des besoins premiers de l'existence (comme pouvoir travailler sans perdre notre vie). La logique des conflits, des armes, de la violence et de l’oppression pollue tout.

Il semble que nous ne puissions plus remonter à des règles partagées. Le monde est devenu, ici et là, explosif et désorganisé. Sans oublier les nouvelles voies qu’ouvrent les nouvelles technologies pour mettre à mal ce qu’il y a de plus humain en nous, à savoir la conscience, l’intelligence, la responsabilité, la liberté. Nous risquons également beaucoup dans ces territoires inexplorés, qu'il faut affronter et explorer avec la conscience d'être à l'intérieur de questions délicates et cruciales. Ce dont les nouvelles générations, dans un avenir pas trop lointain, nous demanderont de rendre compte. Et, dans tout cela qui ne nous permet pas de dormir tranquille, peut-être pouvons-nous et devons-nous chercher les prises qui sont valables. Le Pape François, en vue du Jubilé de 2025, nous demande de devenir des « pèlerins de l'espérance », c'est-à-dire capables de marcher au sein de cette période complexe (et sans précédent) qui est la nôtre, sans nous laisser submerger ni disperser, mais en comptant précisément sur « l'espérance qui ne déçoit pas », la traçant dans l'âme, l'invoquant dans la prière, la nourrissant de gestes cohérents et courageux. Et offrir des signaux forts et ciblés, pour que l'espoir autour de nous ne s'éteigne pas mais se ravive encore davantage.


Corrado Avagnina
NP mars 2024