La nouvelle Ève

Le Cantique des Cantiques - avec sa poésie - atteste du rôle des femmes dans le plan du salut : transmettre la Bénédiction divine de l'Amour à toutes les générations.
"Sous le pommier je t'ai réveillé... mets-moi comme un sceau sur ton coeur... car l'amour est aussi fort que la mort..." (Ct 8,5). La pomme l'arbre, selon la tradition biblique, est l'arbre de vie, d'amour et c'est là que la femme offre son être à l'homme de son cœur, lui demandant de la placer « comme un sceau sur le cœur » : le sceau, un signe d'appartenance totale, en l'occurrence amour d'appartenance. La bien-aimée désire être gardée et défendue, son amour est aussi fort que la mort. L'amour et la mort : les deux forces irrésistibles qui se heurtent jusqu'à la fin lorsque la mort est vaincue comme proclamée ; "Ses flammes sont des flammes de feu, une fusée divine !" Une flamme de Dieu (8,6), (le seul verset dans lequel on trouve le nom divin, quoique sous la forme abrégée : Yah), le Dieu d'amour qui libère, comme il a libéré son peuple d'Égypte en les guidant vers la Terre promise à travers les eaux de la mer Rouge et en les rendant victorieux sur les peuples puissants. Dieu libère sa créature pour la remplir de son amour. Il semble que l'auteur entende que l'amour humain porte en lui - selon le plan originel du Créateur - une force divine contre la mort. L'amour est « le sacrement de la vie ».

Si nous approfondissons le sens de ce poème antique au sein du Premier Testament, nous découvrons qu'il dialogue avec les premières pages de la Bible qui commence par les images du désert et du jardin au centre desquelles se trouve l'arbre de vie, de la connaissance du bien et du mal, que la tradition a identifié avec le pommier. L'homme a été créé avec la poussière du désert, puis transporté au jardin avec sa femme, chair de sa chair. Une collaboration vitale minée par le péché.
Dans le Cantique des Cantiques, nous trouvons la femme « appuyée » sur l'homme : signe que l'amour a recommencé à fleurir dans le couple humain auparavant divisé par le péché. Sous le pommier le premier homme avait « ouvert les yeux » (Gn 3 : 7) après que la femme lui eut offert le fruit et maintenant, toujours sous un pommier, la femme offre le fruit à l'homme de vie, car son geste est inspiré par la "flamme du Seigneur" et non par la rébellion contre lui. L'amour redevient ce dont le Seigneur a rêvé pour l'homme et la femme.

Le message du Cantique est un message d'espérance et de vie, adressé à tous les couples. L'amour placé par le Créateur dans le cœur de l'homme et de la femme a été compromis par le mensonge. A partir de ce moment le couple se cherche, mais ne se rencontre pas : « Je l'ai cherché, mais je ne l'ai pas trouvé » (3,1) : ils ont désappris l'art d'aimer entravé par la barrière des peurs.
La promesse d'une flamme divine, confiée au couple comme une épée dressée contre l'adversaire habituel, offrira la possibilité de dominer cette peur et de redécouvrir cette communion, source du don mutuel. La nouvelle Eve revit l'art de l'amour et dans le couple il y a à nouveau une parfaite réciprocité : « Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui » (3,1) C'est l'amour béni du Seigneur.


Anna Maria Del Prete
NP octobre 2021